L’un des chantiers du pacte pour un enseignement d’excellence est de répondre aux besoins spécifiques des élèves tout en réduisant le nombre d’élèves dans l’enseignement spécialisé au bénéfice de l’ordinaire et en laissant un choix à qualité égale entre le spécialisé (dernier aménagement raisonnable possible) et l’ordinaire.
Pour aider les écoles ordinaires à accueillir des élèves avec des troubles d’apprentissage à mettre en place des aménagements raisonnables, le Pacte prévoit de créer, au sein de chaque réseau, des pôles territoriaux (PARI) attachés à un établissement de l’enseignement spécialisé. Leur rôle sera de mutualiser par bassins géographiques les moyens consacrés à l’accompagnement des élèves en intégration permanente totale dans l’enseignement ordinaire. Ces pôles territoriaux gèrent les moyens correspondant au budget actuellement alloué dans le cadre de l’intégration et bénéficient, en fonction du nombre d’élèves accompagnés, d’une augmentation des moyens accordés.
Ce projet suppose donc une réforme de l’intégration permanente totale, qui permet actuellement à un élève inscrit dans le spécialisé de bénéficier, dans l’ordinaire, de périodes d’accompagnement par du personnel de l’enseignement spécialisé. Les travaux du Pacte prévoient que seuls des élèves inscrits et suivant des cours dans l’enseignement spécialisé pourront bénéficier de ce type d’intégration.
Par le décret 7689 du 19/08/2020, l’intégration temporaire totale a cependant été supprimée, alors qu’aucun PARI n’était encore en place. Nous nous demandons pourquoi donc supprimer le mécanisme d’intégration temporaire totale avant que les PARI ne soient mis en place et ainsi forcer des enfants à passer d’abord par une école spécialisée. De plus, sommes-nous certains qu’après avoir passé un an dans l’enseignement spécialisé, les enfants seront intégrés dans l’enseignement ordinaire. La suspension temporaire ou la suppression de l’intégration temporaire totale est un déni de droit.
Ce décret devrait donc purement et simplement être suspendu tant que les pôles territoriaux ne sont pas une pleine réalité et dotés de tous les moyens nécessaires. La Fédération a placé la charrue avant les bœufs et créé ainsi une grande incertitude et des craintes tant du côté des parents que des écoles.
Si nous reconnaissons tant la volonté du pacte d’excellence que de la ministre d’avancer dans la bonne direction, nous regrettons cependant ce mauvais phasage, l’absence de réelle consultation des organisations représentant les élèves à besoins spécifiques dans la mise en place des PARI et leurs parents dans la mise en place de ces pôles, l’incertitude que le décret a créé et la nouvelle charge de travail dans des délais restreints que cela va imposer aux directions d’école, déjà submergées et à bout de souffle.
Si quarante pôles seront opérationnels en septembre 2021 et septante en 2022, nous rappelons enfin qu’il est primordial de former en parallèle les enseignants à mieux accueillir et accompagner les élèves à besoins spécifiques au sein leurs classes, que cela soit dès la formation initiale que via les formations continues.